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Les violences obstétricales et gynécologiques



Le quotidien d’une grande partie des femmes est de vivre dans la crainte. Dès leur plus jeune âge, on leur apprend à ne pas sortir seule le soir, à ne pas s’habiller comme ci, à ne pas passer par là, à faire attention à ci, il peut nous arriver ça, à ne pas fréquenter tel endroit. Cette crainte se ressent jusque dans le milieu médical, jusqu’à nos rendez-vous chez le médecin ; milieu dans lequel , pourtant, nous devrions nous sentir en sécurité et en confiance.


Jeunes filles, on appréhende toutes notre premier rendez-vous chez le gynécologue, on se sent mal à l’aise à cause du caractère intime de la consultation. De même, durant l’accouchement, on se sent stressée, épuisée, apeurée. L’appréhension et le sentiment de gène quasiment permanents pour la parturiente, dus aux sujets abordés, aux gestes pratiqués et aux conditions dans lesquelles ils sont pratiqués, durant ses rendez-vous font qu’une prise en charge adaptée est absolument nécessaire, ce qui est insuffisamment le cas aujourd’hui.


Il est difficile de reconnaître un acte sexiste ou une forme de violence gynécologique. Souvent, on se dit que c’est normal, qu’on doit faire confiance aux médecins, qu’ils savent ce qu’ils font, et qu’ils agissent pour notre bien. Cependant, lorsqu’un médecin autorise 20 internes à venir faire un toucher vaginal à une parturiente sans son accord et sans prêter attention à ses cris, ne respectant ainsi aucunement l’intimité de son corps, ou qu’à un premier rendez-vous il réalise un toucher vaginal ou anal sans prévenir et sans que cela soit médicalement nécessaire, on parle alors de violence physique. De même, lorsqu’une femme pendant son accouchement est traitée de « mauvaise mère » ou qu'on lui assène « qu’il ne faudra pas s’étonner si son enfant a des problèmes » parce qu’elle n’arrive pas à pousser correctement, on parle de violence verbale. La douleur ressentie par la femme n'est pas prise en compte, les femmes "exagèrent". Ce terme est régulièrement employé lorsqu’une femme parle de la douleur qu’elle ressent pendant ses règles par exemple. “La douleur est normale, elle crie pour rien”, cette fameuse phrase que nous avons toutes et tous entendus a parfois empêché le diagnostic d'une endométriose et entrainé, faute de soins, de graves conséquences comme la stérilité. Le racisme médical touche aussi les femmes racisées jusque dans ces situations, notamment à travers la négation de la douleur des femmes noires ou maghrébines parce qu’elles sont considérées comme plus résistantes.

Cependant, la parole des femmes commence à se libérer sur ce sujet longtemps resté tabou. Aujourd’hui, les médias regorgent de témoignages avec le #PayeTonUtérus lancé sur Twitter en 2013, ou le compte Instagram @BalanceTonUtérus. On y trouve des exemples d’actes de mutilation, rares mais pas moins réels, de femmes victimes du « point du mari », qui consiste à rajouter un point supplémentaire lors de la suture du périnée. Les conséquences de cette pratique sur la vie sexuelle et amoureuse d’une femme sont désastreuses. On retrouve dans ces pratiques atroces encore une volonté perverse de contrôler le corps de la femme, de nier son libre-arbitre et la propriété de son corps au profit du plaisir masculin.


Quand on parle de « violence gynécologique », on parle de l’ensemble des comportements, actes, paroles ou omissions commis par le personnel de santé qui ne sont pas justifiés médicalement ou sont accomplis sans le consentement libre et éclairé d’une femme enceinte, d’une parturiente ou d’une jeune mère. Il y a des violences verbales, physiques et légales qui sont :

  • La non prise en compte de la gêne de la patiente, liée au caractère intime de la consultation ou non respect de son intimité, absence d’humanité et de dignité et non prise en compte de la douleur ressentie (si l’anesthésie est inefficace par exemple).

  • Des propos porteurs de jugements sur la sexualité, la tenue, le poids qui renvoient à des injonctions sexistes telles que : “Si je vous fais mal c’est parce que vous êtes trop grosse”, “La meilleure contraception est de fermer les cuisses”

  • Non respect des choix de la patiente : “Un stérilet à 28 ans ? Il serait plutôt temps de penser à un enfant”.

  • Injures sexistes.

  • Des actes (intervention médicale, prescription, etc.) exercés sans recueillir le consentement ou sans respecter le choix ou la parole de la patiente.

  • Absence de gestes obstétricaux dans un cadre légal

  • Des actes ou refus d’acte non justifiés médicalement, absence de pratiques conformes aux données scientifiques.

  • Des violences sexuelles : harcèlement sexuel, agression sexuelle et viol.

Ces actes se produisent pendant le suivi gynécologique, pendant la grossesse, à l’accouchement ou au moment du post-partum. Depuis quelques années, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a appelé à une prise de conscience des pouvoirs publics pour reconnaître les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical. L’idée est de mieux prévenir, de faciliter les procédures de signalements et de condamner les pratiques sanctionnées par la loi. Des enquêtes sont réalisées afin de mesurer la satisfaction des femmes, la prévention et la lutte contre le sexisme dans les études de médecine sont accentuées, par la renforcement des moyens humains et financiers la mise en œuvre des bonnes méthodes est plus accessible, l’accès à toutes les femmes à l’information concernant leurs droits est facilité, et la formation des forces de l’ordre et des magistrats sur les violences sexistes et sexuelles est renforcée.


Tout pousse à croire que les initiatives visant à lever la mainmise patriarcale sur le corps féminin dans le monde médical seront fructueuses sur le long terme, si elles sont appuyées par un effort collectif et assumé des professionnels.



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